Annonce du Café de la Danse

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" Deux acteurs jouent un rôle "

Ainsi Théophile Gautier intitule-t-il l’un de ses romans, dont le héros, jeune acteur débutant, connaît un grand succès dans le rôle du diable. Pour son malheur, un vrai diable vient assister à ce spectacle et, évidemment, il n’est pas content du jeu trop " humain " du jeune acteur. Un jour, il interpelle l'acteur dans les coulisses pour le faire tomber en enfer — heureusement pour le jeune homme, il ne se retrouve pas sous terre, mais sous la scène. Le diable, jouant son propre rôle, fait trembler le théâtre entier, de l'enfer jusqu'au paradis.

Nous, habitant le monde de la Comédie Humaine, nous nous contentons habituellement d’un acteur humain dans le rôle d’un dieu ou d’un diable. Mais si les Grecs inventèrent le cothurne, c'est qu’à leur sens la taille humaine n’est pas adaptée à la représentation du divin. C'est aussi la conviction de Satoshi Miyagi, fondateur de Ku Na'uka.

Quand le diable ne daigne pas doubler les acteurs, Miyagi en emploie deux pour un même rôle : l'un bouge et l'autre parle. Mais cela n'étonnera pas ceux qui connaissent le Bunraku, forme encore moins économique, puisqu’un personnage dramatique y est interprété par quatre personnes : un conteur et trois marionnettistes (les Japonais du XVIIe siècle avaient déjà conçu une alternative aux " 35 heures ").

Néanmoins, ne voyez pas là une solution quantitative (le mouvement et la voix ne se doublent pas quantitativement). En effet, cette dissociation nous fait accepter le fait que les acteurs ne sont pas (et ne peuvent pas être) synonymes de dramatis personæ ; ces derniers n’ont pas leur place dans l’accumulation d’objets sur le plateau. Et ce qui se passe sur scène n'est plus qu'une allégorie de ce qui se passe ailleurs — ce qui se répète perpétuellement dans les limbes.

Selon Miyagi : " Les acteurs de Ku Na'uka sont les religieux des temps modernes. Dans le temps, les religieux servaient à penser sans cesse à la mort, à la place des hommes qui ne pouvaient plus le faire à cause de leur travail, mais rendaient ensuite visite aux religieux une fois par semaine. Aujourd'hui, où l’on ne va plus voir les religieux, on vient nous voir au théâtre ; c’est aussi pour ne pas oublier la mort. "

Les acteurs prêtent chair aux morts et souffle à ceux qui n'en ont pas : à la princesse mariée au vieux roi par force (Tristan et Isolde), à l’assassin dupé par les sorcières (Macbeth) ou au fantôme romantique qui risque sa vie (façon de parler) pour son amoureux mortel (Le Conte du Donjon). L’importance de ces drames ne tient pas à un suspense, car on sait d’emblée que les protagonistes sont déjà " morts " au monde que nous vivons et voyons tous les jours. Ce que rappellent ces spectacles, c'est qu'il existe un autre monde vécu par d'autres, où nous ne sommes sans doute pas vivants.

Le Conte du Donjon
Création française
Du lundi 5 au lundi 19 janvier 2004 à 20H30 (sauf le dimanche)

Tristan et Yseult
Représentation unique
Le mercredi 21 janvier 2004 à 20H00

Macbeth
Du samedi 24 au samedi 31 janvier 2004 à 20H30 (sans relâche)

Spectacles en japonais surtitré en français

au CAFE DE LA DANSE
5, passage Louis Philippe - Paris 11 - métro Bastille
01 47 00 57 59