Univers de jeu (3.1)

Le royaume terrestre

Féerie est relié à notre Terre en de nombreux endroits et de nombreux temps. Ainsi, les êtres-fées peuvent-ils voyager en Egypte antique, au cœur de la Révolution française, à l’aube du XXIème siècle... Du point de vue des Féeriques, la Terre se compose d'une vaste quantité de Contextes, c'est à dire de couples formés d'une zone géographique et d'une époque historique liées par une cohérence culturelle, ethnologique, folklorique, à l'image des Domaines thématiques qui constituent leur propre univers. Puisqu'ils n'ont pas l'expérience directe du temps, la notion de chronologie leur est très difficilement intelligible, sauf à ceux qui ont longtemps vécu sur Terre et ont observé des évolutions perceptibles dans les données de base de la Terre : propagation d'idées, de technologies, de cultures, conquêtes militaires, conversions religieuses, remaniements géopolitiques... De ce fait, pour eux, l'empire Aztèque et le Mexique actuel ne sont pas deux époques à jamais séparées et dont l'une résulte de l'autre, mais deux Contextes qui coexistent indépendamment l'un de l'autre, comme la vallée de l'Indus et celle du Nil à la fin du Néolithique. De même, il ne leur viendrait pas à l'esprit qu'en nageant suffisamment longtemps, on peut passer sans solution de continuité de la Chine des Ming au Japon des Shoguns. Pour eux, il s'agit de Contextes aux Correspondances aussi distinctes que le Jardin des Dryades et le Désert des Djinns.

L’Age d’Argent

De même que certains Terrestres parlent d'un Age d'Or où les dieux et les mortels coexistaient en harmonie, les Féeriques se souviennent de l'Age d'Argent, à l'aube de l'humanité, lorsque s'éveille la conscience. Les construits de l'esprit, alors, ne sont pas distincts de la réalité objective, le rêve pas différent de l'éveil, les souvenirs pas moins actuels que le présent. Les premiers héros accomplissent leurs exploits, les premières tragédies affligent des malheureux, les premiers mythes fondateurs se jouent. Féerie et la Terre ne forment qu’un seul monde relativement harmonieux. Progressivement, une distinction se fait entre certains êtres qui évoluent, naissent et meurent, et d'autres qui restent hors de la séquentialité, à jamais réduits à ce qu'ils représentent plutôt qu'à ce qu'ils font : ancêtres défunts, archétypes, modèles et fantasmes. Les civilisations s’établissent, l’ordre social s’installe et institutionnalise le rôle des uns et des autres, pas toujours selon leurs souhaits. Peu à peu, cette frustration devient source de distance, voire d’agressivité.

La fin du Néolithique, le début de l'histoire, l'apparition de l’écriture qui fige les légendes, des civilisations qui encadrent les croyances, de la sédentarisation, de la domestication des animaux, de l'architecture, du calcul qui ancrent les consciences dans le prosaïque et le mesurable scellent la fin d'un monde où vivants, morts et esprits cohabitent. Alors que la tradition orale laissait à l’inspiration toute la place d'amender la mémoire, entretenait un processus informel de création perpétuelle autour de thèmes immémoriaux, soudain la mémoire devient l'apanage d'objets impersonnels et non plus de consciences sensibles. L'interprétation, la prise de libertés cessent d'être des hommages pour devenir des trahisons. On racontait toujours la même histoire, chaque fois de façon différente. Désormais, l'imagination s'exerce par référence et comparaison objective, non plus par allusion et intuition. Les processus de pensée se désolidarisent de plus en plus, les différences s'exacerbent. Féerie et la Terre se scindent progressivement. Ainsi commencent les temps historiques...

La fin de l'Age d'Argent marque l'apparition des Féeriques et des Terrestres en tant que tels via la séparation de la Terre et de Féerie. Toutefois, la Terre et Féerie s'interpénètrent toujours depuis : tout acte terrestre de créativité irréfléchie, tout coup de foudre, tout rêve est une incursion de Féerie sur Terre ; de même, ces actes enrichissent Féerie chaque fois qu'ils se produisent. Le degré auquel chaque Contexte de la Terre est resté féerique est mesuré par son niveau d'Imaginaire. Plus il est élevé, plus l'état d'esprit en est proche de celui qui règne en Féerie : subjectivité et arbitraire, impermanence et pourtant éternité, innocence et perversité, névrose et simplicité, immaturité et sagesse. Lorsque l'Imaginaire devient suffisamment élevé, les conditions de l'Age d'Argent sont recréées, un Point de Contact apparaît entre la Terre et Féerie et les deux mondes se confondent en cet endroit.

Il est à noter que l'Age d'Argent n'est pas une époque mais un état d'esprit. Encore de nos jours, certaines cultures terrestres reculées vivent un Age d'Argent, c'est à dire que leur Contexte est un immense Point de Contact avec Féerie, un Domaine par lui-même.

 

 

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